Extrait Yang LIAN

Yang LIAN
La Maison sur l’estuaire
traduit du chinois par Chantal Chen-Andro
ISBN 2-911686-14-4
2001
11 €

Londres

Le réel fait partie de ma nature.
Le printemps de nouveau accepte la débauche de vert des morts.
La rue accepte les cortèges mortuaires plus noirs sous les fleurs plus nombreuses.
Sous la pluie, la cabine téléphonique rouge est une mise en garde.
Le temps fait partie des viscères. Les voix des oiseaux
ouvrent chaque visage rouillé sur les chaises longues.
Les yeux tournés vers la nuit sont une interminable histoire de navigation.
Quand un jour est gommé, Londres

écrit jusqu’au bout ma folie, lèche à fond la mousse brune de la bière.
Les sons des cloches dans la tête de l’oiseau oscillent comme des vers obscurs au chômage.
La ville fait partie des mots, partie de moi la plus redoutable
démontrant mon insignifiance, acceptant
la couverture en agneau bleu moisie derrière la fenêtre.
Les souvenirs des viandes de mouton se font relieurs appliqués
de leur propre mort, meurent dans l’objectif sans convulsions,
et quand l’entre-deux des feuilles du journal est cimetière, derrière, il y a la mer.

traduit du chinois par Chantal Chen-Andro