Revue 20
Venise / Varsovie
ISBN : 979-10-95145-03-5
260 pages
Présentation de Agnieszka Żuk
Dorota Masłowska, Bien plus que tu ne peux manger / Chroniques paraculinaires
Magdalena Tulli, Les escarpins italiens
Wojciech Nowicki, Greniers
Olga Tokarczuk, Les livres de Jakób
Filip Springer, Ferment
Justyna Bargielska, Nudelman
Tomasz Różycki, Station 1 : La rencontre
Marcin Świetlicki, Opérationnel sauf avis contraire
Bozena Keff, La Mère et la Patrie. Opus
Piotr Sommer, Des jours et des nuits
Venise -
Présentation de Roberto Ferrucci
Gianfranco Bettin, Fantasia
Giovanni Montanaro, Livre V
J. A. González Sainz, Venise ou l’art d’exposer
Marco Franzoso, Claudia
Marilia Mazzeo, Acqua alta
Mauro Covacich, Tintorello
Romolo Bugaro, Été
Simonetta Greggio, Rivages
Tiziano Scarpa, L’immersion
Extraits
Dorota Masłowska
Bien plus que tu ne peux manger
Chroniques paraculinaires
Varsovie est un endroit formidable, surtout en hiver, lorsque de toutes façons on ne sort presque pas de chez soi et que sa beauté incertaine est uniformément recouverte d’une bouillie neigeuse certes peu ragoûtante mais fort heureusement opaque.
Or, quand vient l’été, Varsovie est assez formidable aussi mais quelque chose nous dit sans arrêt qu’il y a des endroits un brin plus formidables encore.
À la question « Où auriez-vous le plus envie d’aller lorsque la température atteint cinquante degrés ? », seul 0,0000 pour cent des personnes interrogées répondent « Varsovie », moi je vous le dis sans détours : je n’en fais pas partie. Et bien, que faire si cet été les aléas de la vie nous jettent, ou du moins me jettent, au milieu des places et des rues en liquéfaction, au milieu des nuages de gaz d’échappement, des hurlements des voitures et des vitres tremblantes de chaleur ?
Et bien, ne paniquez surtout pas et respirez un grand coup.
Essuyez la flaque de sueur sur le plancher qui s’est formée autour de vos chaussures alors que vous étiez en train de ne pas paniquer. Rattrapez le maquillage qui a coulé et essayez de le replacer sur votre visage. Décollez vos jambes l’une de l’autre tout en veillant à ce que vos mains ne s’y collent pas en même temps. Essorez vos habits, videz les larmes de votre sac à main et ouvrez-vous à cette expérience certes étrange mais si éloquente ; extrayez-en ce qu’il y a de meilleur, ou du moins pas ce qu’il y a de pire.
Pour inaugurer votre non-départ, je vous propose d’organiser une grande fête.
Moi en l’occurrence, j’ai pris comme prétexte mon propre anniversaire mais tout autre prétexte fera aussi bien l’affaire. Il faut cependant faire les choses en grand, avec du souffle et une once d’improvisation.
Il n’est pas dit qu’en élaborant notre menu, nous soyons obligés de suivre les sentiers battus et d’opter pour des légumes, des dips, des glaces ou d’autres mets prévisibles et rafraîchissants pour la seule raison que la canicule est paralysante.
Que diriez-vous d’un bigos1 par exemple, ou, comme chez moi, de fasolka po bretońsku2 ? En tous les cas, il faut quelque chose qui cuise pendant des heures, de même que les convives, qui embaume partout pour après se répandre à travers l’appartement, sécher dans tous les recoins ainsi qu’au fond des assiettes et dont nous puissions retrouver les restes frustrants, et en quelque sorte intelligents, sur les meubles, les rebords des fenêtres, les bibelots, les DVD et les tapis pendant des jours et des jours… voilà ce qui me semble être un menu parfait.
Les brassées de fleurs puantes se décomposant dans les vases ajoutées aux travaux de rénovation des canalisations toujours en cours dans votre cage d’escalier créeront les circonstances merveilleuses pour passer à l’étape II.
Éviter de rester chez soi.
1. Bigos : plat à base de choux et de viande qui mijote longtemps.
2. Fasolka po bretońsku : littéralement « haricots à la bretonne », plat à base de haricots blancs, de sauce tomate et de viande.
Traduit par Agnieszka Zuk
Dorota Masłowska
Więcej niż możesz zjeść
Warszawa jest wspaniałym miejscem, zwłaszcza w miesiącach zimowych, gdy i tak prawie nie wychodzi się z domu, a masa śniegopochodna pokrywa jej trudną urodę nieapetyczną, ale krzepiąco nieprzezroczystą, jednorodną pokrywą.
Natomiast gdy nadchodzi lato, Warszawa też jest dość wspaniała, ale coś ciągle człowiekowi mówi, że są miejsca nieco wspanialsze.
Jeśli chodzi o pytanie „Gdzie najbardziej chciałbyś pojechać, gdy temperatura wynosi pięćdziesiąt stopni ?” „Warszawa ” odpowiada tylko 0,0000 procent respondentów, i powiem wprost : mnie akurat nie ma wśród nich. Co jednak robić, gdy tego lata kaprysy losu rzucą nas, a przynajmniej mnie, wśród topiące się place i ulice, kłęby spalin, ryczące samochody i drżące od skwaru szyby ?
Przede wszystkim nie panikować, wziąć głęboki oddech.
Wytrzeć z podłogi kałużę potu, która zdążyła podczas niepanikowania zgromadzić się wokół naszych butów, wykręcić włosy. Złapać zjeżdżający makijaż i spróbować z powrotem umieścić go na twarzy. Odkleić od siebie zlepione nogi, uważać, żeby podczas odklejania nie przykleiły się nam do nich ręce. Wyżąć ubranie, wylać łzy z torebki i otworzyć się na to dziwne, ale wyraziste doświadczenie ; wydobyć z niego to, co najlepsze, a przynajmniej to, co nie najgorsze.
Na inaugrację swojego niewyjeżdżania proponuję wydanie wielkiego przyjęcia.
U mnie akurat za pretekst posłużyły urodziny, ale wy możecie posłużyć się dowolnym pretekstem. Przyjęcie musi posiadać pewien rozmach, oddech, dozę improwizacji.
Nie jest wcale powiedziane, że przygotowując menu trzeba kierować się schematami i ze względu na paraliżujący upał decydować się na warzywa, dipy, lody i inne przewidywalne potrawy chłodzące.
Ot, choćby bigos albo, tak jak u mnie, fasolka po bretońsku, w każdym razie coś, co będzie gotowało się wiele godzin razem z obecnymi w pomieszczeniu osobami, co rozprzestrzeni się po mieszkaniu i zaschnie w naczyniach i kątach, czego frustrujące i inteligentne jak gdyby resztki będziemy mogli potem odnajdywać na meblach, parapetach, bibelotach, płytach DVD i dywanach przez wiele kolejnych dni… tak, to będzie coś w sam raz.
Razem z gnijącymi w wazonach naręczami śmierdzących kwiatów oraz trwającym na klatce remontem instalacji stworzy to wspaniałe okoliczności do rozpoczęcia etapu II.
Etapu unikania przebywania w swoim mieszkaniu.
Gianfranco Bettin
Fantasia
C’était une nuit étoilée et il frappait aux portes du ciel.
Au vingtième étage, debout sur le rebord de sa terrasse, appuyé au mur à pic, il regardait au-dessous, et alentour, et au loin.
Qui sait combien de temps durerait le vol, se demanda-t-il en scrutant vers le bas.
Le vent lui répétait qu’il n’était pas assez fort pour le soutenir, pas même une seconde de plus que ce que lui accorderait la force de gravité.
Il se sentait à son aise, là-haut, dans le vent et l’obscurité. Sa vie s’était beaucoup compliquée, alourdie. Là-haut, en fait, il la sentait devenir simple et légère.
Il avait trop travaillé, avait pris trop de responsabilités. Lesquelles, en revanche, il ne se les rappelait pas. Simplement, il ne voulait plus le savoir. Il ne voulait plus rien savoir. Peut-être était-ce pour cela qu’il avait oublié.
Tant de choses dont maintenant il ne se souvenait plus : quel était son nom, comment il avait fini sur ce rebord. Comme celui qui, fixant l’abîme, se rendrait compte d’un coup que c’est l’abîme qui le scrute jusqu’au
tréfonds et, ainsi, s’occupant de toutes ces affaires, subitement il s’était découvert occupé par elles, et vidé de tout le reste.
Il avait autour de lui en lui sur lui trop de choses étrangères. Il ne s’était jamais senti aussi éloigné de lui-même.
Où était-il, donc ?
Son regard, descendant du ciel à la terre, rencontra des lumières, des feux, des horizons.
Une ville. Mais laquelle ?
Comment il avait passé la soirée, il s’en souvenait, cependant. Il lui semblait absurde de garder certaines choses à l’esprit, tout en ne sachant même plus son propre nom.
Farces d’une mémoire égarée.
Il regardait la ville, vaste, lumineuse, mais également cachée dans des ombres profondes. C’est là que la mémoire l’amenait à suivre ses propres pas des quelques heures précédentes.
Il était allé chez Feltrinelli, dans un élégant centre commercial, un palais de cristal au cœur de la ville. Il avait acheté « Lady sings the blues », l’autobiographie de Billie Holiday, et un recueil de la poétesse polonaise qui avait obtenu le Nobel quelques années plus tôt. (Donc, il aimait et le jazz et la poésie ?).
Il avait aussi acheté le dvd de « Fantasia » de Walt Disney.
Il sourit, au souvenir de cet achat étrange, qui le ramenait à une lointaine époque. Enfant, il l’avait vu avec son père et sa mère, ce film. Mais ce souvenir – un après-midi amusant au cinéma, tant d’années plus tôt – lui revenait fané, sans réelle émotion. Pourquoi en fait avait-il remarqué précisément le film de Disney au rayon des dvd, et l’avait-il aussitôt acheté ? Quel était le vrai souvenir relié à « Fantasia » ?
Traduit par Claudette Krynk
Gianfranco Bettin
Fantasia
Era una notte stellata e stava bussando alle porte del cielo.
Al ventesimo piano, in piedi sul davanzale del suo terrazzo, appoggiato alla parete a picco, guardava giù, e intorno, e lontano.
Chissà quanto durerebbe il volo, si chiedeva scrutando in basso.
Il vento gli ripeteva che non aveva forza abbastanza per sorreggerlo, neanche un secondo in più rispetto a quanto concesso dalla forza di gravità.
Si sentiva a suo agio, lassù, nel vento e nel buio. La sua vita si era molto complicata, appesantita. Lassù, invece, la sentiva diventare semplice e leggera.
Aveva lavorato troppo, si era preso troppe responsabilità. Quali, però, non se lo ricordava. Solo, non voleva più saperne. Non voleva più saperne di niente. Forse per questo aveva dimenticato.
C’erano tante cose che adesso non ricordava più : qual era il suo nome, com’era finito su quel davanzale. Come chi, fissando l’abisso, d’un tratto si accorga che è l’abisso a scrutargli dentro, così, nell’occuparsi di tutte quelle faccende, d’improvviso si era scoperto occupato da esse, e svuotato di tutto il resto. Aveva intorno e dentro e addosso troppe cose estranee. Mai si era sentito più lontano da se stesso.
Dov’era, dunque ?
Il suo sguardo, scendendo dal cielo alla terra, incontrava luci, fuochi, orizzonti.
Una città. Ma quale ?
Di come avesse passato la sera, si ricordava, però. Gli sembrava assurdo tenere a mente certe cose, non sapendo nemmeno più il proprio nome.
Scherzi di una memoria smarrita.
Guardava la città, vasta, luminosa, ma anche nascosta in ombre profonde. Era lì che la memoria lo portava a seguire i propri passi di qualche ora prima.
Era andato alla Feltrinelli, dentro un elegante centro commerciale, un palazzo di cristallo nel cuore della città. Aveva comprato “La signora canta il blues”, l’autobiografia di Billie Holiday, e una raccolta della poetessa polacca che qualche anno prima aveva vinto il Nobel. (Dunque amava e il jazz e la poesia ?).
Aveva anche comprato il dvd di “Fantasia” di Walt Disney.
Sorrise, ricordando quello strano acquisto, che lo riportava a un tempo lontanio. Da bambino l’aveva visto con suo padre e sua madre, quel film. Ma quel ricordo – un pomeriggio divertente al cinema, tanti anni prima – gli tornava stinto, senza vera emozione. Perché invece aveva notato proprio il film di Disney nello scaffale dei dvd, e se l’era addirittura comprato ? Qual era il vero ricordo collegato a “Fantasia” ?