Présentation

Avec :
Philippe Bataillon, Julio Silva, Joaquín Manzi, Gladis Yurkievich, Sylvie Josserand, Fernando Colla, Jacques Jouet, Jean-Philippe Barnabé.

Programme :

Vendredi 23 mai - Haut dortoir -
18H30 : présentation de Sylvie Protin et Patrick Deville
18H45 : Lectures de textes de Julio Cortázar par Yves Arcaix
19H45 : Film « Julio Cortázar » de Claude Namer et Alan Caroff - en présence de Claude Namer.

Samedi 24 mai salle Anjou 1
10H :
Cortázar, la traduction et les langues inventées
Dialogue entre Philippe Bataillon et Sylvie Protin, suivi d’une battle de traduction de langues inventées par Cortázar.

14H30 :
Cortázar et l’image
Dialogue entre Julio Silva et Joaquín Manzi

16H :
La vie de l’œuvre
Gladis Yurkievich, Sylvie Josserand et Fernando Colla

18H :
Le jeu et la contrainte
Jacques Jouet et Jean-Philippe Barnabé

Présentation de Sylvie Protin :

La MEET organise en 2014 trois évènements majeurs pour célébrer le centenaire de la naissance de l’écrivain argentin Julio Cortázar, en partenariat avec la MEL et la Villa La Marelle : en avril à Marseille, en mai à l’abbaye de Fontevraud et novembre à Paris, les Cronopes, ces personnages subversifs et poètes, prendront possession des lieux et s’efforceront de dépoussiérer les idées reçues sur cet auteur.
C’est que Cortázar est double : il est l’écrivain argentin caractéristique du Boom latino-américain, l’auteur de nouvelles fantastiques typiques du Río de la Plata, le personnage engagé dans la Révolution cubaine. Certes. Mais tout ceci correspond à une image figée et archétypique : une image qui a vieilli. Nous proposons plutôt lors de ce centenaire de cesser d’historiciser et d’exotiser son œuvre. Cortázar a vécu plus de trente ans en France, il a pris la nationalité française en 1981 et il est enterré au cimetière du Montparnasse. Ses œuvres, bien que très argentines, n’ont de cesse de parler de Paris et de la France, de nous montrer à nous-mêmes au travers d’un regard toujours décalé, qui refuse toujours la normalisation, l’intégration au quotidien sans relief, la logique du même. Dès lors, pourquoi ne pas le voir comme un écrivain multipolaire, un auteur de la migration et du voyage ? Cortázar est l’antécesseur d’un monde globalisé où l’on peut désormais garder son identité tout en devenant autre dans l’expérience de l’altérité. Et c’est peut-être cela qui fait de lui un traducteur, un écrivain du fantastique et un poète.
Ainsi, Cortázar est un penseur puissant de la Relation, un rebelle aux conservatismes dans la langue comme dans la vie, un inventeur de littératures possibles. Il teste par exemple de nouvelles formes comme le micro-conte ou la chronique. Ses œuvres, des plus connues comme Marelle aux plus confidentielles comme les almanachs, ne cessent de remettre en question le Livre, en tant qu’objet culturel et que solution ergonomique pour accéder au sens. Il invente des ordres de lecture, repense la relation texte-image, réfléchit aux connexions entre les fragments : il préfigure en réalité très tôt l’hypertexte et les possibles de l’écriture numérique contemporaine. Sans cesse, il rêve et construit une autre communication, capable de mettre en jeu les schèmes les plus enfuis de la conscience.
C’est ce Cortázar-là, novateur et décalé, que nous souhaitons fêter. Nous le ferons en invitant au dialogue des témoins de sa vie –comme Raquel Thiercelin, Julio Silva, Arnaldo Calveyra ou Stéphan Hébert–, des auteurs contemporains français et argentins et des traducteurs –comme Philippe Bataillon, Jacques Jouet, Pierre Ménard ou Fabián Casas–, et des chercheurs spécialistes de cet auteur –comme Joaquín Manzi, Fernando Colla ou Daniel Mesa Gancedo– . Les rencontres seront accompagnées de différentes manifestations culturelles (projections de films, lectures, découverte de manuscrits…).