Extrait Alfredo Nicolás PELAEZ
Alfredo Nicolás PELAEZ
Nostalgie de l’enfer
traduit de l’espagnol (Uruguay) par Christophe Josse
ISBN 2-911686-01-2
1999
11 €
SUR TON SEIN GISENT MES YEUX...
Sur ton sein gisent mes yeux comme deux rois,
deux enfants sans sommeil, portant le pyjama
de garçons blessés dans une guerre sans visage.
Comme un naufragé nouveau-né,
attaché au balancier d’un pont de sable et de mer,
dans le salpêtre d’un corps d’oiseau imprégné de mouches,
de fleuves hâtifs de sang,
de carnets de bord inachevés, rongés,
dans le néant séparant le cri du baiser humain,
mon argument d’autorité repose
en un lit de silence.
Et un wrong number nocturne
ignore pourquoi je t’appelle cette nuit.
Et au creux de la main, ne loge
qu’un vaisseau de fous. C’est l’odeur des feuilles d’automne
traçant à mon cou des sillons obliques,
pareils à des chenilles sur le joug d’un vieil arbre.
C’est la petite musique de mots tronqués
sous l’abri routinier de la sieste,
qui supplante le soleil amoureux de midi.
Et au creux de la main, ne loge
qu’un numéro de téléphone manuscrit,
la voix métallique, assoupie dans les flocons de maïs du petit déjeuner
et un wrong number nocturne,
répété, comme tout, mille et une fois
dans la mémoire.
traduit de l’espagnol (Uruguay) par Christophe Josse
SOBRE TU REGAZO YACEN MIS OJOS...
Sobre tu regazo yacen mis ojos como dos reyes,
como dos niños sin sueño, con piyamas
de muchachos heridos en una guerra sin rostro.
Como un náufrago recién nacido,
atado a un péndulo de un puente de arena y mar,
entre el salitre de un cuerpo de ave embebido de moscas,
de ríos apresurados de sangre,
de corrompidas bitácoras inconclusas,
entre la nada que separa un beso humano de un grito,
mi argumento de autoridad descansa
en un lecho de silencio.
y un nocturno wrong number
no comprende por qué te llamo esta noche.
Y todo lo que en esta mano ahuecada cabe
es una nave de locos. Es el olor de las hojas de otoño
poblándome el cuello de surcos sesgados,
como orugas en el yugo de un árbol añejo.
Es la música pequeña de palabras recortadas
bajo el albergue rutinario de la siesta,
que suplanta al sol enamorado del mediodía.
Y todo lo que en esta mano ahuecada cabe
es un número de teléfono manuscrito,
la voz metálica y,dormida en copos de maíz del desayuno
y un nocturno wrong number,
repetido, como todo, mil veces y una
en la memoria.